lundi 10 mai 2010

ENSEIGNEMENT CORANIQUE


ENSEIGNEMENT CORANIQUE

UN EXEMPLE DE DAHARA MODERNE AU CŒUR D’UN QUARTIER POPULAIRE

Situé en plein cœur du quartier populaire de Yeumbeul nord, le daara de Oustaz Niane constitue une véritable école coranique moderne au grand bonheur des parents et des talibés .Ces derniers y vivent de la plus belle des manières. L’atmosphère qui y règne en est une parfaite illustration. Reportage.

Il est midi passé à Yeumbeul nord, l’un des quartiers les plus populaires de la banlieue dakaroise.

En cette fin de matinée de samedi, un vent frais, givré, à vous scinder en deux effleure les visages de ce beau monde qui inonde les rues et les ruelles sablonneuses.

Des femmes, panier à la main marchent à pas pressés en direction du marché. Des enfants, dont la rue constitue un terrain de jeux, à peine âgés de 12 ans, courent après un ballon. C’est une vraie ambiance de fête qui règne ici.

A un jet de pierre du Cdeps, se trouve le daara de Aboubacar Niane plus connu sous le nom de Oustaz Niane.

Ce vieux, la cinquantaine révolue a pignon sur rue dans ce quartier grâce surtout à sa détermination pour l’enseignement coranique des enfants.

Une terrasse peinte en jaune abrite le daara, le daara « Yamayatou Mouhiyatoul khouraamil Karim Wa Tarbiyatil Atfali Wal Aytaami Fi Dinil Islam Alaniff » (Association Musulmane pour la vie de l’Islam, del’Education des Enfants et Orphelins dans la Religion. )

A l’intérieur de ce local, la première chose qui attire l’attention, c’est la splendeur et la propreté des lieux. Une façon d’illustrer l’adage selon laquelle « un esprit saint dans un corps saint ».

La propreté dans ces lieux laisse deviner la qualité de l’enseignement qui y est donnée.

Dans la salle, une quarantaine d’enfants installés sur des nattes étalées sur le sol apprennent en chœur le coran. C’est au milieu de ce brouhaha qu’est assis, majestueux, le marabout Oustaz Niane, un livre à la main et un fouet de l’autre .Inhibés par notre présence les talibés se fondent en silence d’un coup.

Certains d’entre eux, rivent les yeux au sol, tandis que d’autres turbulents s’en profitent pour bavarder à gauche et à droite. Le daara est composé de 120 enfants dont 95 garçons. « Les filles et les garçons sont séparés et ne se voient presque jamais» soutient, Oustaz. Niane. Ce dernier après avoir terminé ses études à Médina Baye (Kaolack) dont il est originaire, est parti en Arabie Saoudite où il a obtenu en1983 un diplôme sur « les connaissance de l’islam » puis en Malaisie avant de revenir dans son pays pour ouvrir son daara.

A son avis, « l’Etat doit s’efforcer d’aider les enseignants des écoles coraniques, de leur trouver de meilleurs conditions de travail. »

Toutefois, il n’apprécie pas le silence des élus locaux vis-à-vis des maîtres coraniques.

« Les élus locaux ne sont là que pour eux- mêmes » laisse t-il entendre.

L’internat est composé d’un corps d’enseignants, de femmes de ménage .C’est une véritable entreprise que dirige le vieux Niane ce qui relève de la qualité sa gestion.

A l’intérieur de la chambre des enfants, on trouve des matelas étalés, un ventilo pendu sur la dalle et une grande armoire en bois rouge. « Cette armoire supporte tous les affaires des enfants »nous confie Amie Niane l’épouse du marabout la quarantaine bien sonnée.

Le daara regroupe un essaim de nationalités, des Gambiens, des Nigérians, des Soudanais et même un Italien, Mohamed Diouf. « Ce sénégalais d’origine italienne est dans ce daara depuis qu’il a 6 ans et à son arrivée il ne pouvait articulé un seul mot de la langue de Kocc Barma (wolof) » souligne le marabout sous un sourire discret. « Actuellement âgé de 9 ans il a achevé une partie du saint coran » ajoute t-il.

Quant au jeune Modou bien habillé, il fait vraiment bon à vivre dans cette maison. « Je mange bien, je me lave quand je veux » avoue t-il timidement.

Mohamed Beye venu des Parcelles Assainies abonde dans le même sens. « Souvent mes parents viennent me chercher pour qu’on aille chez nous mais je refus car je me sens plus à l’aise ici » dit –il

A 14 heures une bonne odeur du Thiébou dieune (riz au poisson) creuse les narines et donne

faim à tout le monde.

Des seaux remplis d’eau décorent la cour une façon de rapprocher les accoutumées car cela annonce l’heure du repas. Les talibés piaffent d’impatience de déguster après avoir bien lavé les mains. Fini le déjeuner, c’est l’heure de la récréation.

Malgré les difficultés auxquelles le marabout Aboubacar Niane est confronté, son daara constitue une référence .Ses talibés ne sont jamais dans la rue et sont bien protégés.

Toutefois, l’Etat et les ONG doivent s’engager à aider ces genres de daara dans leur lutte contre la mendicité des talibés.

IBRAHIMA BA

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire