Peindre pour
lui, c’est habiter dans un monde extase où tout est beau et rempli de
volupté. C’est aussi pour ce talentueux et éclectique peintre qu’est
Birahim Fall plus connu dans le monde de la culture sous le sobriquet de
Mbida, un moyen d’atteindre un univers plus vaste où mille et une
couleurs scintillent. En un mot, comme en mille dans une galaxie
d’arc-en ciel. Ma peinture Moi et Mon Monde, thème de cette
exposition qui se déroulera jusqu’au 28 avril courant, à l'institut
français Léopold Sédar Senghor, retrace une rétrospective et une vision
prospective, avec un brin d’harmonie les paradis perdus de l’artiste.
Happé de fond en comble par le manque d’affection qui a marqué son
enfance, Mbida essaye de trouver consolation auprès de la femme qu’il
valorise dans plus de la moitié de ses tableaux. Jeune ou vielle, elle
représente la muse, la source d’inspiration du peintre. Comme il
l’explique : « à deux ans, j’étais séparé de mes parents. Je n’ai pas eu l’affection filiale qui tient souvent l’enfant à sa maman ».
Mbida s’est surtout inspiré de sa
tendre enfance marquée par la solitude et l’isolement d’un Ngaye Mékhé
(son village d’origine) encore vierge de la mondialisation pour
présenter des tableaux d’une beauté légendaire. L’inspiration vient de
son cadre naturel fait de forêt. « J’ai affronté la forêt et la brousse très jeune »,
explique-t-il. Eleveur, il gouttait à la tranquillité et à la solitude
de cette nature en regardant les nuages qui chevauchaient dans le ciel,
les feuillages touffus, les fleurs d’été, les belles femmes jouant de la
kora dans la gaieté des concessions de campagne. Autant de thèmes et
d’images qui surgissent de son imaginaire et qu’il tente d’immortaliser à
travers cette exposition de sous-verres.
Mbida, c’est aussi un peintre
généraliste qui a touché à toutes les formes de peinture et qui a
excellé partout. De la toile au sous-verre, son talent est resté le
même. La beauté de ses tableaux, le choix de ses couleurs, la variété
des thèmes abordés lui confèrent une originalité sans commune mesure. La
peinture pour Birahim est synonyme d’élégance et de beauté à l’image de
toutes ces femmes peintes et habillées traditionnellement étalant
charme et coquetterie sur les plaques de verre apposées sur un fond en
carton. Le choix de ne peindre que ce qui est beau traduit chez
l’artiste toute sa volonté de prolonger la vie qui est généralement
brève mais également de créer un monde intemporel fait de joie et de
gaieté. « Le choix de la multitude de couleurs sur mes tableaux renseigne sur mon désir d’embellir la vie »,
se justifie-t-il. Loin de la conception baudelairienne de l’art qui
considère que ce dernier doit aussi chercher à refléter la laideur (une
charogne), Mbida lui n’a qu’une vision rose de l’art.
Au crépuscule de sa carrière (63 ans),
le natif de Ngaye Mékhé veut entrer en interaction avec son public. Il
veut être compris pour ne mourir comme Van Goh. Mais également, il ne
veut pas se perdre dans l’océan de l’oubli qui hante généralement les
grands penseurs. Raison qui justifie par ailleurs le choix du thème de
l’exposition (Ma peinture, Moi et Mon Monde). Mbida veut, à
travers cette exposition, couper le voile qui le sépare des autres, de
son monde en guise d’adieu. Comme pour donner une dernière couche de
peinture à une vie bien remplie après 40 ans de profession.
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