mardi 29 mai 2012

lundi 7 mai 2012

jeudi 3 mai 2012

Affaire béthio


"Ma peinture, moi et mon monde", l’univers extase de Mbida

Si les voyages forment la jeunesse, l’exil enrichit l’inspiration. Après plusieurs années à l’étranger, Birahim Fall « Mbida » est revenu avec des tableaux  fixés sous-verre  d’une rare beauté.  L’artiste présente une exposition sur le thème Ma peinture Moi et Mon Monde depuis le 11 avril à l’institut français Léopold Sédar Senghor. 


Peindre pour lui, c’est habiter dans un monde extase où tout est beau et rempli de volupté. C’est  aussi pour ce talentueux et éclectique  peintre qu’est Birahim Fall plus connu dans le monde de la culture sous le sobriquet de Mbida, un moyen d’atteindre un univers plus vaste où mille et une couleurs scintillent. En un mot, comme en mille dans une galaxie d’arc-en ciel. Ma peinture Moi et Mon Monde, thème de cette  exposition qui se déroulera jusqu’au 28 avril courant, à l'institut français Léopold Sédar Senghor, retrace une rétrospective et une vision prospective, avec un brin d’harmonie les paradis perdus de l’artiste. Happé de fond en comble par le manque d’affection qui a marqué son enfance, Mbida essaye de trouver consolation auprès de la femme qu’il valorise dans plus de la moitié de ses tableaux. Jeune ou vielle, elle représente la  muse, la source d’inspiration du peintre. Comme il l’explique : « à deux ans, j’étais séparé de mes parents. Je n’ai pas eu l’affection filiale qui tient souvent l’enfant à sa maman ».

Mbida s’est surtout inspiré de sa tendre enfance marquée par la solitude et l’isolement d’un Ngaye Mékhé (son village d’origine) encore vierge de la  mondialisation pour présenter des tableaux d’une beauté légendaire. L’inspiration vient de son cadre naturel fait de forêt. « J’ai affronté la forêt et la brousse très jeune », explique-t-il. Eleveur, il gouttait à la tranquillité et à la solitude de cette nature en regardant les nuages qui chevauchaient dans le ciel, les feuillages touffus, les fleurs d’été, les belles femmes jouant de la kora dans la gaieté des concessions de campagne. Autant de thèmes et d’images qui surgissent de son imaginaire et qu’il tente d’immortaliser à travers cette exposition de sous-verres.

Mbida, c’est aussi un peintre généraliste qui a touché à toutes les formes de peinture et qui a excellé partout. De la toile au sous-verre, son talent est resté le même. La beauté de ses tableaux, le choix de ses couleurs, la variété des thèmes abordés lui confèrent une originalité sans commune mesure. La peinture pour Birahim est synonyme d’élégance et de beauté à l’image de toutes ces femmes peintes et habillées traditionnellement étalant charme et coquetterie sur les plaques de verre  apposées sur un fond en carton. Le choix de ne peindre que ce qui est beau traduit chez l’artiste toute sa volonté de prolonger la vie qui est généralement brève mais également de créer un monde intemporel fait de joie et de gaieté. « Le choix de la multitude de couleurs sur mes tableaux renseigne sur mon désir d’embellir la vie », se justifie-t-il. Loin de la conception baudelairienne de l’art qui considère que ce dernier doit aussi chercher à refléter la laideur (une charogne), Mbida lui n’a qu’une vision rose de l’art.

Au crépuscule de sa carrière (63 ans), le natif de Ngaye Mékhé veut entrer en interaction avec son public. Il veut être compris pour ne mourir comme Van Goh. Mais également, il ne veut  pas se perdre dans l’océan de l’oubli qui hante généralement les grands penseurs. Raison qui justifie par ailleurs le choix du thème de l’exposition (Ma peinture, Moi et Mon Monde). Mbida veut, à travers cette exposition, couper le voile qui le sépare des autres, de son monde en guise d’adieu. Comme pour donner une dernière couche de peinture à une vie bien remplie après 40 ans de profession.